Est-ce que j’ai de l’addiction à la nourriture? Pourquoi je n’arrive pas à arrêter de manger sucré ou salé ? Pourquoi je ne peux pas juste manger 1 ou 2 biscuits ? Juste un petit bol de chips ? Pourquoi je mange autant ?!
Notre obsession croissante pour la nourriture très sucrée, très grasse ou très salée n’est pas simplement un manque de volonté. Entres autres influences, les méga compagnies internationales ont décodé notre cerveau et nous manipulent. Et ce n’est malheureusement même pas une exagération.
Le but d’une compagnie lucrative comme Nestlé par exemple est de faire de l’argent. Les actionnaires sont là pour faire du profit et pour cela, il faut vendre de plus en plus et donc faire manger les gens de plus en plus.
Ils se sont donc assuré de nous rendre accro à leurs produits et ont développé ce que l’on appelle ‘le bliss point‘ ou en français ‘le point de bonheur‘ ou le ‘point de félicité‘. Un genre de point G version bouffe.
Qu’est ce que le ‘Bliss point’ ou le ‘point de bonheur’ ou le ‘point de félicité’ ?
Les fabricants se sont immiscés dans notre cerveau pour en prendre le contrôle. Leur nourriture est formulée de sorte à créer des dépendances hautement addictives. Une balance parfaite de gras, de sucre, de sel et de texture qui est scientifiquement très difficile à résister.
Manger et le désir de manger sont deux choses différentes qui impliquent deux mécanismes différents dans le cerveau. Pour avoir le désir de manger quelque chose de particulier, il faut avoir eu une expérience très positive et spécifique qu’on anticipe.
Quand on a du plaisir, on relâche de la dopamine. Et si on réussi à nous faire relâcher la bonne dose de dopamine et à nous l’associer avec une expérience en bouche très spécifique : c’est la formule gagnante.
Pourquoi c’est si difficile de résister?
Parce que la ‘junk food’ est une combinaison parfaite de science et de marketing. Et le top de la carrière de certains scientifiques agro-alimentaires est de rendre un aliment presque humainement impossible à résister.
C’est grâce au travail d’un journaliste passionné du New York Times que l’on a toutes ses informations sur les pratiques courantes de l’industrie. Il a écrit un livre sur le sujet : ‘Salt, Sugar, fat : How the food giants hooked us’.
Il a rencontré des scientifiques qui pour certains se sentent coupables et éprouvent des regrets par rapport à leurs rôles dans la croissance internationale de l’obésité.
Il a aussi décortiqué des brevets qui montrent bien la complexité technique et l’ingénieurie qui permettent de développer le ‘parfait’ craquelin.
Il a vite réalisé que de véritables armées de chimistes, physiciens, et même de neuro-scientifiques travaillent pour les Nestlé de ce monde.
Tous travaillent à s’assurer que vous n’allez pas refuser le deuxième cookie, le troisième et peut-être même, avec un peu de chance, finir la boite.
8 techniques que les fabricants utilisent pour nous rendre accro :
Thornton Mustard, un consultant pour l’industrie alimentaire avait révélé dans son livre ‘The taste signature Revealed‘ que la satiété était l’ennemi d’un produit. Que son travail était de rendre un aliment ‘more-ish’ que je traduirais en français comme ‘ un aliment j’en veux plus‘. Un aliment ‘j’en veux plus’ est un aliment qui a la qualité de pousser un consommateur à en vouloir toujours plus. C’est la définition du succès dans le milieu.
Vous mangez trop de chips, de biscuits ou de bonbons parceque :
1) La satiété sensorielle est lente.
La satiété sensorielle c’est le moment où on n’a plus envie de manger un aliment gâterie parce qu’on n’en retire plus de plaisir.
Les fabricants cherchent donc à réduire la vitesse de satiété sensorielle de l’aliment pour que la personne en mange plus et en achète plus.
2) La saveur principale n’est pas trop dominante.
Le produit nous fait le même effet qu’une série Netflix qu’on n’arrive pas à arrêter !
Les fabricants ont développé un goût intense au devant de la bouche mais qui va vite s’effacer par la suite. C’est ce ‘high’ perdu du début, de la première bouchée, qui va nous donner envie d’en reprendre.
La saveur ‘signature’ ne doit pas non plus être trop dominante. Parce que sinon, l’intensité risque de nous combler trop vite et on risque de s’en lasser trop vite. Le produit ‘j’en veux plus’ doit donc avoir une saveur non pas fade mais plutôt vraiment bien ‘mélangé’ pour qu’on continue de le manger.
3) Ça a une texture ‘compote bébé’ version adulte.
Un aliment ‘j’en veux plus’ doit être facile à mâcher. Si les gens doivent trop mâcher pour extraire les saveurs, ça prendra trop de temps pour le manger et le digérer. Trop de temps = risque d’être conscient de ce qui se passe = risque de satiété. Et rappelons le, la satiété est l’ennemi du produit.
4) Ça fait du bruit.
Le ‘crounch’ initial est crucial ! Le bruit amplifie l’expérience en bouche. Uniliver et des universitaires d’Oxford ont démontré l’importance de l’expérience sonore quand on mange. Plus le son est fort, plus le produit est mieux noté par les consommateurs.
Le croustillant est associé à plus de fraîcheur par les participants mais la réalité est qu’il contribue fortement au ‘high’ initial que l’on a envie de retrouver et qui nous pousse à nous resservir.
5) Ça Fond en bouche.
Si la nourriture se dissout vite en bouche ça trompe le cerveau. La nourriture est perçue comme étant peu calorique. ‘Comme on n’a pas eu besoin de travailler pour manger, il ne doit pas y avoir trop de calories‘ se dit le cerveau. Ainsi il prend plus de temps à nous envoyer le signal pour arrêter, et on continue de manger.
En anglais il y a des termes pour cet attribut : « vanishing caloric density » ou « melt-in-the-mouth-appeal« .
6) Ça a la bonne forme.
Le centre de recherche de Nestlé a publié dans le journal scientifique de Biomécanique, une étude sur l’architecture de la bouche. Ils ont analysé comment différentes formes dans la bouche sont perçues. Comment différentes formes touchent et influencent nos papilles gustatives.
Trois ans plus tard, Nestlé annonce qu’ils ont développé des chocolats aux formes plus rondes.
7) Les trois pilliers de base sont bien balancés.
On est né avec le goût du sucré, du salé et du gras. Ce sont des goût primaires, et un aliment ‘j’en veux plus‘ va s’assurer de contenir les trois élèments et en doses parfaitement balancées.
Trop de sucre tout seul ne va pas nous plaire, c’est pour ça d’ailleurs que la plupart d’entre nous n’allons pas manger directement une cuillère à soupe de sucre. Par contre la même cuillère à soupe de sucre mélangée à du gras et une petite touche de sel, pas de problème. Exemple sous forme de crème glacée.
Plusieurs élèments doivent se marier pour créer un ‘aliment j’en veux plus‘. Essayez par exemple de boire du coca cola chaud et sans les bulles… vous allez être choqué par le goût du sucre.
Comme dit Adam Drewnowski de l’université de Washington, qui a étudié pendant plus de 30 ans le goût et les choix alimentaires des gens : « C’est en ajoutant une couche sur une autre de compléxité de saveurs et de textures que l’on développe un aliment ‘j’en veux plus’ puissant. »
8) Et tout pleins d’autres bonus ‘sympas’ (!).
Après il y a d’autres choses comme pour contrôler le niveau d’humidité et éviter que les ingrédients ne se séparent pendant les mois qu’ils vont ‘trainer’ sur les étagères.
Pour camoufler l’amertume ou l’acidité que tout ces mélanges peuvent créer.
Pour accentuer une saveur ou en atténuer une autre et ‘piéger’ le cerveau à croire que quelque chose existe ou n’existe pas.
Des odeurs et des saveurs indiquées comme naturelles mais qui ont exigé d’énormes sommes d’argent à développer en laboratoire comme a précisé Bruce Bradley, un ancien exécutif de l’industrie alimentaire qui a aussi écrit le livre : Fat Profits.
Il y a aussi un ingrédient beaucoup utilisé et qui donne l’impression qu’un aliment goûte mieux qu’il ne l’est vraiment : le glutamate monosodique (MSG). Certaines études suggèrent même que le MSG augmente jusqu’à 40% la quantité de nourriture que l’on mange.
Je vous suggère de lire l’article : Mon top 12 ingrédients à éviter ici.
Mes astuces de Nutritionniste :
pour ne pas devenir ‘victime de votre environnement’.
1) Au lieu de vous battre contre vous-même en culpabilisant parce que vous n’arrivez pas à vous arrêter, changez de cible.
Bien souvent, on a un discours intérieur très négatif envers nous même, on se trouve nul de ne pas réussir à se retenir; on se trouve faible. La réalité est que, bien souvent, en ayant un discours négatif envers soi-même, on s’enfonce davantage dans nos mauvais comportements.
Se battre contre soi-même n’est pas facile et n’est certainement pas toujours chose saine.
Changez de discours et dites vous que vous vous battez contre les fabricants qui veulent vous manipuler. En ayant une cible extérieur, la motivation risque d’être meilleure et vous allez être moins tourmenté.
2) À chaque fois que vous avez une impulsion pour acheter du chocolat ou un paquet de chips, achetez un billet de lotterie à la place ! (Technique que j’utilise personnellement).
Et vous ? Vous vous sentez perdre le contrôle avec certains aliments ? Êtes-vous sous le contrôle de certains ‘aliments j’en veux plus‘ ?
J’espère que cet article vous a aidé à mieux comprendre votre corps.
Au plaisir,
Sofia Abdelkafi Dt.P Nutritionniste à Montréal et en ligne.
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